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Églises et patrimoine

Églises

L’Abbaye de Silly en Gouffern

Elle fut fondée en 1151 par les Prémontrés.

Située entre les deux parties actuelles de la forêt de Gouffern, l’Abbaye de Silly en Gouffern fut fondée par un gentilhomme angevin au service de l’impératrice Mathilde, le chevalier Drogon, « qui s’y fit chanoine et y mourut ».

L’Abbaye de Silly fut très richement dotée dès l’origine, par l’impératrice Mathilde, puis par son fils Henri II et son petit-fils Richard Cœur de Lion, ducs de Normandie et rois d’Angleterre et ensuite par Philippe le Bel, roi de France.

L’Abbaye de Silly dépendait de l’évêché de Séez et c’est d’ailleurs là que se fit enterrer, en 1228, l’évêque de Séez Gervais 1er de Chichester, également abbé-général des Prémontrés.

Au cours de la guerre de Cent Ans, l’Abbaye fut détruite par les Anglais. Elle fut reconstruite à partir de 1386.

L’Abbaye fut en grande partie détruite à la Révolution. L’église abbatiale Notre Dame, avec nef servant d’église paroissiale Saint Laurent, avait été décrite en 1701 : construite en carreau de Fel, avec chœur vouté, longue de 135 pieds, large de 53, avec clocher à 4 cloches. Elle fut détruite à la Révolution et reconstruite sur un plan réduit après 1806.

Les bâtiments conventuels furent détruits. Il reste toutefois un logis abbatial remanié portant la date 1731.

Plusieurs évêques de Séez et plusieurs princes de sang furent enterrés à l’Abbaye de Silly.

Lorsque l’on rentre par la sacristie, on peut observer les 4 premiers vitraux dont 2 sont inscrits au titre des Monuments Historiques.
Les vitraux évoquent l’histoire de l’église, ancienne abbatiale.
Le deuxième à gauche représente la fondation de l’Abbaye par Mathilde, femme de Geoffroy Plantagenêt qui offre au père Drogon la charte de cette fondation.
Le second du côté opposé figure Henri Dumont, maître de la chapelle du 17ème siècle, enseignant la musique aux moines de l’Abbaye.

Le retable et le maître autel classé dans la liste des Objets des Monuments Historiques :

Le décor se compose, de chaque côté de l’ovale du tableau, de deux statues colossales de Saint Augustin et de Saint Norbert, patrons des Prémontrés. Chaque base est ornée de bas-reliefs, également ovales, en terre cuite : Saint Augustin donnant la règle à Saint Norbert et l’Apparition de la Vierge à Saint Norbert. Chaque statue est en outre entourée de deux anges. Un immense dais couronne le retable, soutenu par des anges et sommé d’une couronne enlevée par des chérubins. Sous la couronne est représentée la colombe du Saint Esprit, tandis qu’un nœud dont chaque extrémité est tenue par des anges latéraux agrémente le tout. L’autel majeur est agrémenté d’un antépendium sculpté à larges volutes encadrant un Agneau Pascal.

Auteur de l’œuvre ou créateur de l’objet: Roger Léonard (sculpteur) ; Restout Jacques (peintre)
Année de création: 1684
Description historique:

Ce retable a été sculpté par Léonard Roger de 1684 à 1686, sur les dessins de père Jacques Restout, auteur de la toile en médaillon représentant la Transfiguration, d’après le modèle de Raphaël.

Ensuite on peut découvrir deux retables latéraux également classés :

Ces retables sont soutenus par deux colonnes torses et surmontés d’un entablement classique et d’un fronton à pans coupés. La même disposition est reproduite à échelle réduite au sommet autour d’une petite niche. Du côté Nord, la toile représente la mort de Saint Joseph et la niche contient un petit groupe sculpté de Sainte Anne et la Vierge. Du côté Sud, la toile montre Saint Norbert recevant la règle des Prémontrés des mains de Saint Augustin. Dans la niche supérieure se trouve une statuette de Saint Norbert.

L’Église Saint Martin de Chambois

Dédiée à Saint Martin, l’église romane date du 12ème siècle et est classée au titre des Monuments Historiques depuis le 18 avril 1914. Plan rectangulaire avec chœur en retrait sur la nef et sanctuaire, ce qui lui donne un triple décrochement de plans, vue du chevet. Construite de moellons et de pierres d’appareillage. Fenêtres agrandies au 16ème siècle. Contreforts plats, corniches avec  modillons sous la toiture.

La façade Ouest conserve un très beau portail en plein cintre, à double colonnes engagées et chapiteaux à crochets.

Une sorte de bandeau relie ces chapiteaux aux contreforts encadrant le portail, ce bandeau est finement sculpté de décor inspiré de la feuille d’acanthe (12ème siècle). L’entrée dans l’église se fait par une porte dont le tambour conserve, en son sommet, la date de 1756.

Clocher roman du 14ème siècle, sur le flanc Nord à l’angle nef-chœur. Base aveugle épaulée de contrefort en large ressaut, plan carré en pierres d’appareillage très soignées, en trois étages. Le premier avec double arcature aveugle, le deuxième à doubles petites arcatures aveugles sous une arcade à colonnes engagées. Au sommet, haute pyramide de pierre à quatre pans, à petite ouverture sur chaque face. Ce clocher porte, à l’intérieur, sur deux puissants piliers ronds réunis par une arcade en plein cintre de la première moitié du 12ème siècle.

Intérieur restauré après la seconde guerre mondiale : nef à crépi de chaux, voûte de lambris sur charpente apparente. Chœur voûté d’ogives. La voûte de bois de la nef date de 1473.

  • Grand retable en bois du 18ème siècle. Au centre, tableau « Descente de Croix » dans un panneau sous tympan triangulaire avec deux pots à feu. De part et d’autre, panneaux à petits frontons et statues du 18ème siècle de Saint Martin et de Saint Joseph en terre cuite.
  • Tableau « Le Vieillard Siméon » présentant Jésus dans le Temple (17ème siècle).
  • Boiseries, Christ en bois sur le mur Nord, chaire à prêcher d’époque Louis XV et confessionnal du 18ème siècle, petits coffres, sièges anciens.
  • Retable latéral sur le mur Sud de la nef datant du 17ème siècle : groupe en terre cuite de Notre Dame du Rosaire. De part et d’autre, statues de Saint Dominique et de Sainte Catherine.
  • Chaire de style Louis XV en bois sculpté.
  • Fonts baptismaux et bénitier en pierre à cuve ovoïde du 18ème siècle.
  • Statue de Saint Martin en pierre naturelle du 14ème à gauche à l’entrée du chœur.

L’église Saint Martin de Chambois est ouverte 365 jours par an de 9h00 à 19h00.

L’Église de Fougy

Tout d’abord chapelle, dépendant de l’abbaye bénédictine de Saint Evroult Notre Dame des Bois, Saint Gilles de Fougy est devenue, au 13ème siècle, l’un des prieurés-cures dépendants de l’Abbaye des Prémontré de Silly en Gouffern, selon 5 bulles papales (en 1198, vers 1255, en 1271, en 1284, en 1288). Cette double dépendance explique en grande partie la décoration intérieure de l’église actuelle :
– sa consécration à Saint Gilles, moine bénédictin.
– ses références à Saint Augustin et Saint Norbert, fondateurs des Prémontrés.
Son originalité réside surtout dans la décoration du cœur (fin 16ème – début 17ème siècles).
Un retable en pierre encadrant un autel baroque en bois sculpté.

Un décor porté à la voûte présentant 26 personnages grandeur nature (1m60) encadrant la Trinité.
Un ensemble exceptionnel en Normandie. Autres curiosités : deux piscines romanes et une tribolée du 13ème siècle, une statue de Saint Gilles du 12ème siècle, une Vierge en pierre polychrome du 15ème siècle et un mobilier du 17ème siècle.

Pour information, 3 à 4 concerts par an (mars, juin à la Saint Gilles le samedi avant la messe à 18h et en octobre)

 

Donjon de Chambois

Le Donjon, dernier vestige du château de Chambois, date du 12ème siècle et est classé au titre des Monuments Historiques depuis le 22 juin 1901.

Suite à des fouilles et une analyse dendrochronologique réalisées en 2008, sa datation indique une construction entre 1160 et 1190, ce qui confirmerait l’attribution de l’édifice à Guillaume de Mandeville, comte d’Essex, proche d’Henri II, duc de Normandie et roi d’Angleterre.

Chambois est une châtellenie concédée en 1024 par Richard II de Normandie au comte de Vexin et de Ponthieu. Il est confisqué en 1113 par Henri d’Angleterre dont la fille Mathilde le transmet à Henri II son fils.

Après la prise de la Normandie par Philippe Auguste en 1204, il est confié au Maréchal de France, Henri Clément. Le château fut ensuite la propriété de plusieurs lignées normandes dont les Tilly qui devint propriétaire de la baronnie de Chambois en octobre 1322. Pendant la guerre de Cent Ans, il fut l’objet de plusieurs sièges et changea de mains à plusieurs reprises. En 1363 il est pris par Charles II dit « le Mauvais », roi de Navarre et comte d’Evreux qui doit le restituer après la bataille de Cocherel remportée, en 1364, par  Bertrand du Guesclin. En 1417, il repasse aux mains des Anglais jusqu’en 1449 quand les Tilly reprennent leur château jusqu’au mariage de Marie de Tilly, héritière de Chambois, à Olivier de Rosnyvinen. Il restera dans cette famille jusqu’au 17ème siècle. Le dernier Rosnyvinen baptisé à Chambois le 25 septembre 1677, fut Pierre Charles Philippe, marquis de Chambois, petit-fils de Pierre II de Rosnyvinen. Son fils, Pierre Charles Philippe II, né en 1731, fut le dernier à porter le titre de marquis de Rosnyvinen de Chambois. En effet, il n’eut qu’une fille Marie-Magdeleine. A la mort de cette dernière en 1844, s’éteint la branche normande des Rosnyvinen.

Quant au Donjon, il passe dans la famille Erard, lorsque la fille de Pierre III de Rosnyvinen, Louise-Marie, épouse le 2 avril 1693, en l’église Saint Martin de Chambois, Louis Hiérosme d’Erard.

Puis ce fut Louis de Graveron vers 1743 qui le vendit à Etienne Louis de Meuves en 1771 qui le cédât en 1787 à Mathieu-Simon de Lessart, trésorier de France. Celui-ci meurt ruiné en 1792 et son fils le vend, en 1793, à Pierre-Nicolas Colombel. A sa mort, en 1824, le vaste domaine est partagé entre ses trois héritiers, Pierre Colombel, Louis Colombel qui fut maire de Chambois jusqu’en 1830 et Pierre Gravelle. Pierre Colombel obtint, entre autres, le château de Chambois avec tous les bâtiments, jardins, etc. qui en dépendent. A la mort de Pierre Colombel, Pierre-Alfred Tamisier, attaché à  l’Ambassade d’Angleterre, se porte acquéreur, en 1830, du château et de ses dépendances qu’il revend très rapidement en morcelant la propriété. En 1832, Monsieur Cally acquiert le Donjon. Puis celui-ci passa de mains en mains. Le 3 juillet 1958, Fernand Boulais, ancien maire de Chambois et propriétaire du Donjon le cède à la commune. Depuis 1959, le Donjon est la propriété du Conseil départemental de l’Orne.

Le Donjon du 12ème siècle, de type roman, est de plan rectangulaire avec quatre renforts carrés aux angles. Il mesure environ 25 m x 16 m et 26 m de haut. Une tour carrée posée sur l’un de ses côtés contenait dans l’origine de petits cabinets et un escalier de bois couronné d’une défense et ne montant que jusqu’au troisième étage. On arrive à la défense du sommet par un escalier à vis prodigué dans un des contreforts d’angle. Les portes extérieures du Donjon sont refaites au 14ème siècle avec un système de défense de cette époque mais des dispositions premières, il reste encore trois étages. Son chemin de ronde supérieur extrêmement curieux est une de ses particularités. Entre 1795 et 1799, il accueillit les populations environnantes menacées par la Chouannerie normande. Le Donjon de Chambois ressemble beaucoup à des donjons anglais et plus particulièrement ceux de Rochester et de Castle Rising.

Après avoir traversé la Guerre de Cent Ans et la Révolution, vécu les dernières heures de la Bataille de Normandie et la fermeture de la Poche de Falaise-Chambois, le Donjon de Chambois trône sur cette place Fernand Boulais entièrement réaménagée après les bombardements d’août 44 et qui reçut le surnom de « Carrefour de la Victoire » au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

Le donjon est visible de l’extérieur mais inaccessible à l’intérieur.